C’était un après-midi ensoleillé. Lenny l’Agneau s’était éloigné du troupeau et buvait naïvement à un petit ruisseau qui coulait à travers une prairie près du pâturage de sa mère.
Soudain, un Loup affamé passa par là et voyant Lenny, il se mit à rêver de sa proie. Mais il y a une loi que aucun loup ne peut enfreindre, c’est qu’il doit ramener quelque chose à montrer à sa famille de petits, qui attendent la gueule ouverte devant la porte de leur tanière pour sa première proie.
“Il y a un jeune agneau du mauvais côté du ruisseau,” se dit le Loup. “Je peux m’en régaler pour mon souper et ainsi préparer un festin pour mes petits. Mais je dois d’abord céder à l’honneur de donner une raison plausible pour expliquer pourquoi j’ai pris cette vie.”
Alors il s’approcha de Lenny et dit d’une voix très rude : “Comment oses-tu troubler l’eau dont je m’apprête à boire ?”
“Nay, maître,” dit Lenny avec douceur, “si l’eau est troublée, cela doit être par ton propre menton, car cela ne peut jamais être par le mien, qui ne fais que boire à distance de toi, à cet instant même.”
“Eh bien,” dit le Loup, “peu importe si je l’ai fait, car cela fait plus d’un mois que tu as parlé de moi en mal.”
“Mais cela ne peut être,” dit Lenny, “car je n’ai que six semaines. Je ne suis pas né il y a un mois.”
“Peu importe,” dit le Loup, “mais tu es à ma merci, comme tout le monde doit l’être qui parle ainsi après ses supérieurs.”
Sur ce, il se jeta sur Lenny et l’engloutit tout entier, mais il prit soin d’écraser d’abord ses os dans sa bouche.