Dans une ferme ensoleillée, avec le bruit des animaux et le calme de l’après-midi d’automne autour d’elle, Gracie la Chèvre restait là, émerveillée devant un tas de nourriture qui se trouvait devant elle. Comme cela avait l’air bon ! Comme cela sentait bon ! Elle était vraiment certaine qu’aucune autre chèvre n’avait jamais eu autant de délicieuses bouchées ensemble en un seul tas.
“Pourquoi, ma chère Gracie,” dit l’un de ses amis qui passait par là à ce moment-là, “veux-tu manger toute cette nourriture toute seule ? Ne veux-tu pas en partager un peu avec moi ?”
En même temps, elle étira son cou vers la nourriture, mais Gracie la heurta sous le menton en disant que c’était son propre tas privé.
Puis un autre et encore un autre passèrent et firent la même offre amicale, mais Gracie secoua la tête et heurta chacun à son tour.
“Tout cela m’appartient,” cria-t-elle, “Je ne le partagerai avec personne. Si elles s’approchent de ma mangeoire, je ne pourrai pas dire ce qui est à moi et ce qui est à elles.”
Chaque ami abandonna et s’en alla, et ainsi Gracie eut toute sa nourriture pour elle toute seule, car en effet, c’était tout à fait à elle. Mais très vite, une grande tempête se leva, et la pluie tomba des nuages entassés, inondant tout le pré. Gracie fut bientôt ravie de trouver un endroit élevé, avec des rivières de pluie courant tout autour d’elle.
“Eh bien, je suis contente d’avoir ma propre nourriture ici avec moi,” dit-elle, en mâchant le tas. Mais hélas et hélas ! – par terre, en dessous, et tout autour, là où la pluie était de niveau – se trouvait son propre tas de nourriture. Comment cela avait pu être emporté là par les eaux précipitantes, elle ne pouvait l’imaginer, mais il était perdu.
Et ce qui était pire, elle regarda autour d’elle et il n’y avait aucune autre chèvre et aucun autre animal ou oiseau nulle part dans tout le paysage inondé. Toutes les créatures qu’elle avait écartées de sa porte étaient maintenant venues des pâturages supérieurs, et elles se pressaient autour de son tas, mais elles semblaient toutes être des étrangères pour elle.
Gracie se tenait là seule dans le Royaume de la Détresse, et lorsque tout le monde était son voisin, elle se retrouva à pleurer sur sa colline haute, sa propre nourriture.
Elle découvrit bientôt que personne ne peut isoler ses intérêts sans perdre ses amis.