Sally le Paresseux se réveilla tôt un jour ensoleillé. Elle se frotta les yeux. Oh là là, pensa Sally. Je vois des fruits partout ! De petites bananes roses, de grands mangues vertes, de longues clémentines oranges, de rondes prunes violettes ! Oh, je souhaiterais pouvoir aller plus vite. Les paresseux font tout lentement. Et au moment où Sally cueillit une collation d’un petit bananier rose, le soleil était déjà haut dans le ciel.
“Bonjour, Sally,” dit un perroquet vert assis sur une branche au-dessus de Sally.
Quand Sally leva les yeux, il lui fallut un moment pour se rappeler comment répondre. Sally parlait toujours lentement.
“Bonjour, Henri,” dit enfin Sally.
“Dans quelle direction vas-tu aujourd’hui ?” demanda Henri.
“Euh,” dit Sally, réfléchissant très fort. “Je vais marcher par là-bas, à travers tous ces grands arbres. Ensuite j’irai directement au fleuve aujourd’hui.”
“C’est très loin, Sally,” dit Henri.
“Oui, mais je connais tous les meilleurs arbres, avec tous les meilleurs fruits, et quand j’irai au fleuve, j’aimerais tellement l’eau,” dit Sally.
Sally cueillit une grande mangue verte à côté de l’arbre. Puis elle prit une liane et la mit devant elle sur une branche. Maintenant, elle pouvait sauter dessus jusqu’au bout de la mangue. Elle fit de même avec l’autre liane et continua son chemin.
Henri vola lentement autour de Sally. Il ne pensait pas que Sally arriverait au fleuve avant le soir. Il y avait tant d’arbres à grimper, tant de fruits à manger. Sally allait cueillir chacun d’eux ! Henri vola après quelques nuages. Il jeta un œil pour voir à quoi ressemblait le fleuve. Il commença à se sentir mal pour son amie, qui était si lente. Henri connaissait Sally à présent. Quand elle cueillait les clémentines rouges-oranges mûres des arbres, elle restait pour en cueillir chacune, formant un grand tas. Henri se sentit mal savoir qu’elle n’atteindrait pas le fleuve ce jour-là.
Donc, au lieu de manger des fruits et de s’asseoir sur une branche en attendant, il vola de nouveau vers Sally.
“C’est une si belle journée ensoleillée,” dit Henri. “Tu voudrais venir au fleuve avec moi ? Tu peux m’y emmener et nous pouvons passer toute la nuit ensemble près du fleuve.”
“Oui, ça a l’air génial,” répondit Sally.
Puis ils grimpèrent haut dans les branches jusqu’à ce qu’ils trouvent une grosse branche où elle se cassait. Et là ils s’assirent à manger de jolis fruits colorés ensemble jusqu’à ce que le ciel soit rempli d’étoiles scintillantes.
“Écoute, Henri,” dit Sally d’une voix délicate, et ça sonnait si joli dans la jungle verte la nuit. “Écoute la jungle. Je n’oublierai jamais cette jungle. Je n’oublierai jamais cette nuit. Même les pierres jaunes et chaudes au fond du fleuve sont glissantes. Oui, je peux le sentir quand mes pieds les touchent. Je ne voudrais pas être dans tous les autres fleuves du monde en ce moment. C’est mon préféré.”
Et elle dit : “Henri, les bananes roses que tu as cueillies étaient les plus sucrées que j’aie jamais mangées. C’était tellement plus amusant de t’avoir ici à mes côtés pour apprécier toute la beauté de ce qui nous entourait, pour garder mon cœur joli et chaleureux. Je t’ai senti dans mon cœur si douce.”
Et Henri le perroquet se pencha et murmura à l’oreille de Sally le Paresseux, si sentimental.
“Tu sais quoi, Sally ? Tu m’as appris que je n’ai pas besoin de me précipiter, que la vie consiste à profiter de chaque instant. J’ai appris la patience de toi.”
Alors le perroquet regarda la jungle et sourit, et au fleuve plein de pierres scintillantes. Et c’était une belle nuit.
La nuit suivante Henri aida Sally à rejoindre le fleuve à nouveau. Il y resta avec elle pendant environ huit nuits au clair de lune. Puis, une nuit, ils retournèrent ensemble à travers la jungle jusqu’à l’arbre de Sally avec de très belles bananes roses, de grandes clémentines jaunes, et de mûres mangues rouge-orangées. Chaque jour, Sally et Henri partageaient leurs repas, tous les bons fruits juteux, profitant de la jungle et de la compagnie de l’autre jusqu’à ce qu’il soit temps pour Henri de rendre visite à d’autres amis.
“Es-tu sûre de pouvoir marcher jusqu’au fleuve à nouveau, Sally ?” demanda-t-il.
“Bien sûr, oui,” répondit Sally.
Et elle partit à son propre rythme, dans la direction de son choix, pleine de patience, osant aller ailleurs.