Le Géant au Grand Cœur

Il était une fois, dans un petit village au fin fond de la campagne, un Géant—la tête de ce Géant touchait presque le ciel—et il n’y avait jamais eu un Géant aussi bienveillant que lui. Quand quelqu’un lui parlait gentiment, il les regardait avec des yeux si brillants qu’ils auraient pu les éblouir, mais il faisait toujours attention à pencher un peu sa tête sur le côté, si bien qu’ils s’en sortaient avec la vie.

En même temps, il était si grand et maladroit que sa plus grande amie, Daisy, une petite fille aux yeux en diamant, à la bouche aussi rouge qu’une rose, et aux cheveux aussi brillants que le soleil, était souvent en danger de perdre la vie lorsqu’il jouait avec elle. Il avait l’habitude de la lancer si haut dans les airs qu’à son retour, elle ne savait jamais quoi en penser, et plus d’une fois, elle avait dû aller au lit pendant une semaine entière, ce qui faisait beaucoup de colère à sa mère.

Maintenant, la tête de ce Géant était si grande que personne ne savait exactement que faire, et il y avait la plus grande confusion dans son village, car ils avaient peur qu’il ne meure jamais, et chaque famille devait préparer des funérailles, se querellant sans fin, ce qui rendait ses trois cent soixante-cinq médecins, venus de tous les coins du monde pour voir s’ils pouvaient le guérir, très tristes et désolés ; si tristes et désolés qu’ils pleuraient, si bien que leurs barbes devenaient toutes mouillées, et ils disaient :

“Ah ! ah ! chaque tête doit mourir, mais nous n’imaginions pas que la tête de ce Géant serait la dernière à toucher le sol.”

Maintenant, Garry n’était pas du tout comme ce Géant car il vivait tranquillement à la campagne et ne se querellait avec personne. Mais un beau matin, il découvrit un petit village—le village du Géant—avec son télescope, et se précipita pour en savoir plus, peut-être pour voir si les gens étaient gentils et aimables. Maintenant, tout le monde passait en criant :

“Oh, quel horrible Géant ; s’il nous attrape dans les champs, comment pourrions-nous lui échapper ! Il nous écrasera sous un de ses pieds.”

Mais une petite fille nommée Emmiline—et elle était jolie—venait juste de laisser tomber sa guirlande de fleurs sauvages qu’elle s’apprêtait à offrir à sa mère, et venait juste de la ramasser quand Garry les atteignit. Alors il prit Emmiline dans sa main pour qu’elle s’asseye sur son doigt, et cacha le reste dans un champ vide juste en face ; mais elle était complètement perdue et ne savait quoi faire.

Puis tous les habitants du village, ayant l’air plus morts que vivants, s’approchèrent de lui, et retirèrent leurs chapeaux (aucun chapeau n’était jamais aussi grand, bien qu’il en attrape une douzaine, disant que c’était pour toujours, et c’est ce jour-là que le chapeau de grâce fut inventé), priant pour qu’il ait pitié de leur pauvre village et le ramène à son ancien état. “Car,” dit une vieille femme qui ressemblait à une pomme de terre avec un chapeau en forme de cloche, “il passe dans les trois pas de ma maison tellement de petites personnes que j’ai presque peur qu’elles ne viennent habiter en moi.” “Oh ! ce serait en effet une grande malchance !” dit Garry. Il pensait qu’ils avaient des blessures à se plaindre, tout comme lui.

Alors il lança les sous et les pièces d’argent qu’il avait dans ses poches dans le village, promettant que ce trou dans le mur ne serait jamais touché sous peine de devenir furieux. Mais il leur dit que lorsque ses amis seraient allongés au pied de la Colline Dorée, il aimerait lui aussi y être enterré, car il était très attaché aux visiteurs.

Les habitants du village lui promirent de laisser le reste des cents et des pièces d’argent au milieu de la place publique, mais Garry, au coucher du soleil, les reprit tous et jeta ses chaussures, si grandes qu’il craignait que personne ne les remarque, dans la mer, pour cacher ce vilain trou dans le mur.

Il n’y avait jamais eu un géant aussi aimable que lui ; tous les dimanches, il venait et leur apportait du poisson, des poires, du vin, et arrosait leurs jardins lors des saisons chaudes.

Et, comme il est très bon d’éviter les querelles, et que tout le monde appelle ces personnes leurs pires ennemis qui s’ingèrent dans leurs affaires et leur donnent de mauvais conseils, les habitants du petit village choisirent l’un de leurs plus grands Thomas sans laisser trop de remèdes et une demi-heure pour la suite, et l’envoyèrent en ambassadeur auprès de Garry. Cet ambassadeur était un petit vieux, plutôt bossu, mais sa tenue était propre, avec un chapeau haut de forme “Fabriqué en Angleterre” et des chaussures de Zapandouze, et il lui conta toutes les nouvelles de l’ancien, et les nouvelles des nouveaux qui étaient régulièrement vendues ; ajoutant que sa santé était dans la nature, et qu’il ne lui coûtait aucun mal de tête de percevoir comment les choses allaient.

“C’est en effet un casse-tête,” dit Garry ; “les fabricants de robes dans mon pays font pour tous les missionnaires, mais pour la partie de votre personne ici, nous n’avons pas une seule couture ; lavez-vous à nouveau, et nous vivrons et mourrons amis.”

Ils s’enlacèrent, et un ami est toujours un vrai cadeau.

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