Par une sombre soirée d’hiver, un Écureuil était confortablement installé dans sa maison. Toute la journée, il avait neigé abondamment, et dans les branches des arbres, ainsi que sur le sol, la neige s’accumulait épaisse et profonde.
Dans son nid, cependant, l’Écureuil était à ses aises, car il avait constitué une bonne réserve de provisions pour l’hiver. En regardant à travers la porte de sa maison vers le sol en contrebas, il remarqua soudain une petite créature brune-grise, qu’il reconnut rapidement comme une souris qu’il voyait souvent ramper durant l’été, mais qu’il n’avait jamais encore eu l’occasion de rencontrer. Aujourd’hui, le petit étranger semblait étrangement perdu pour une souris, et d’après ce que l’Écureuil pouvait voir, il n’avait rien à manger pour soutenir sa vie.
“Mon dieu,” pensa l’Écureuil. “Cette petite créature est dans une situation pire que la mienne ! Je vais l’inviter à partager mon dîner.”
Avec cette noble intention, il balaya sa queue plumée sur son visage et s’endormit, car il n’était pas encore l’heure du dîner. Mais ce que l’Écureuil n’avait pas envisagé, c’était que s’il embauchait la petite souris à l’heure du repas, cela prendrait du temps pour se préparer. Ainsi, l’Écureuil dormit jusqu’à ce qu’il soit réveillé par un léger coup à la porte.
Lorsqu’il l’ouvrit, la Souris se tenait dehors, ayant tant de provisions qu’il lui était difficile d’entrer. Cependant, l’Écureuil, avec une grande générosité, écartait une partie de ses provisions et invita son visiteur à partager ceux qu’il proposait.
“Bien que, mon ami,” ajouta-t-il, “j’ai peur que ce soit un repas très maigre que nous pouvons te proposer. L’hiver arrive tout à fait inattendu et j’ai fini mes dernières provisions la semaine dernière.”
“Mais je n’aurais pas le droit de les toucher, sans votre aimable permission, Père,” répondit la Souris. Ensuite, sans plus de cérémonie, les deux convives se mirent au travail : l’Écureuil profita des provisions de la Souris, et ainsi ils se rapprochèrent beaucoup l’un de l’autre.
Réchauffé par la nourriture et la bonne humeur, l’Écureuil se sentit enclin à raconter des histoires de ses propres aventures durant les mois d’été, et à s’enquérir de l’endroit où se logeait chaque nuit un si petit animal silencieux et timide.
Ainsi, l’Écureuil en raconta au moins cinquante histoires ; et quand il pensa qu’il était grand temps que la Souris commence, celle-ci, en revanche, demanda à son nouvel ami s’il n’était pas peiné de se retrouver si seul dans sa vieillesse.
Et qui peut susciter plus de regrets pour le passé qu’une souris grise qui a traversé tant d’hivers et se retrouve, cette année encore, saine et sauve ? Ainsi, sous l’influence de la bonne nourriture et des circonstances confortables, l’Écureuil, les larmes aux yeux, raconta toute sa vie passée.
Et c’est souvent ce à quoi mène la charité réciproque. L’Écureuil passa un moment agréable et plaisant toute la soirée suivante à écouter les racontars de la Souris sur les hommes et les femmes, et sur tout ce qui se passe dans les bois. Ainsi, chacun d’eux décida de vivre en amitié l’un avec l’autre tant qu’ils seraient en vie.