Un beau matin dans une forêt verdoyante, moi, Freddy le Renard, me tenais à regarder quelque chose avec une expression perplexe sur mon visage. Sais-tu ce que c’était ? Non ? Alors je vais te le dire. C’était une large rivière, encrassée et dévalant des fortes pluies de la veille, et je voulais traverser pour atteindre ma maison sur l’autre rive. Plus haut dans la rivière, un grand arbre avait été déraciné la nuit précédente par un grand vent et s’était logé dans un épais groupe de saules sur la berge.
“C’est ce que je vais faire,” criai-je, heureux enfin. Je courus rapidement vers l’endroit où se trouvait l’arbre, et bientôt j’avais coupé plusieurs de ses branches pour que le tronc soit dégagé. Je repartis ensuite en aval de la rivière, et là, je me mis au travail pour mettre mon plan à exécution. Deux bâtons que je trouvai par terre, attachés ensemble avec quelques morceaux d’écorce, formèrent une balançoire, que je fixai sous une extrémité du tronc. Ensuite, je fabriquai une sorte de grue avec l’autre bâton, et dessus, je fis glisser l’autre morceau de bois, un long que j’avais coupé, de sorte qu’il formait une sorte de bascule. Je fixai alors une branche à l’extrémité de la bascule, et j’avais maintenant mon ferry prêt.
Quand j’y montai, l’extrémité au milieu de la rivière descendit rapidement, et je saisis le long bâton et le “poussai” sur la berge jusqu’à ce que l’autre extrémité monte haut dans les airs. La balançoire tomba alors dans la seconde partie du trou, et, me balançant jusqu’à l’extrémité, je me jetai en l’air jusqu’à ce que je tombe sur la berge.
“Ha ! ha ! Ma malice l’a fait,” criai-je, dès que je pu parler. “Maintenant j’aurai un bon petit déjeuner.” Je cherchai des champignons que j’avais vus sur mon chemin, mais il n’y en avait aucun à trouver. Enfin, je dis : “Si j’avais un peu de beurre, je les ferais bouillir, mais sans beurre, je n’y toucherai pas.”
Un peu plus loin, je trouvai Topsy la chèvre gourmande en train de brouter des buissons.
“As-tu du beurre à partager, Topsy ?” demandai-je.
“Non ; mais j’ai des feuilles et de l’écorce.”
“Je ne les prendrai pas,” répondis-je, et je continuai.
Peu après, je rencontrai Puff-Puff le poney du pasteur. Je lui posai la même question et reçus la même réponse, et tous les animaux que je croisis me répondirent de la même manière. Enfin, je tombai sur Oriole l’oriol chantant dans un arbre, et je dis : “N’as-tu pas honte, Oriole, de chanter là pendant que tous les animaux souffrent de la faim ?”
“Je ne savais pas qu’ils souffraient,” dit Oriole, arrêtant sa chanson. “Quel est le problème ? Que puis-je faire pour eux ?”
“Ils auraient tous besoin d’un peu de beurre, mais ils ne peuvent pas en avoir,” dis-je, pensant qu’il pourrait peut-être aider.
“Mais personne ne peut donner ce qu’il n’a pas,” s’écria Oriole.
“Peut-être pas,” répondis-je ; “mais survoler le pays et voir tout ce qui se passe est une chose, et l’entendre raconté en est une autre. Réfléchis un instant à ce que tu aurais fait si tu avais entendu quelqu’un dire que tous les animaux étaient affamés. Assurément, tu aurais aidé si tu avais pu. Je sais que moi, je l’aurais fait,” et en disant cela, je partis.
“Mais la rivière est juste entre nous,” furent les premiers mots qu’Oriole dit quand il vint à moi une heure plus tard.
“Oserais-je savoir que tu es venu aider les animaux ?” demandai-je.
“Voilà pourquoi je suis venu,” dit-il. “Mais comment ?”
“Cela, je ne le sais pas encore,” répondis-je. “Je pourrais mieux réfléchir si j’avais quelque chose.”
“J’ai plein d’insectes et de fruits sauvages mélangés, au moins un demi-litre. Ils sont un peu éloignés, alors je les ai mis dans un petit panier plat, je ne sais pas exactement pourquoi,” dit-il.
“He, he ! Je vais te construire un pont au-dessus de la rivière. Nous pouvons le faire avec mon aide.”
Tout ce temps, il avait oublié ce que l’on appelle une corde qu’il avait accrochée autour de son cou, et avec une extrémité, j’attachai un bout à une branche d’un chêne bien loin de la rivière. L’autre extrémité, je pris avec quelques pierres sous l’eau jusqu’à l’endroit plus haut dans la rivière où mon arbre formait une balançoire, et en le lançant de l’autre côté, je l’attachai à une branche solide. Une demi-heure plus tard, Oriole dit : “Maintenant, je suis de l’autre côté.”
Puis il me tendit le panier avec la nourriture, et il s’envola avec ma corde autour du cou.
Quand le crépuscule commença à tomber ce soir-là, tous les animaux s’étaient rassemblés sur la berge de la rivière en attendant la réponse au problème qu’ils avaient partagé ensemble. Ils n’eurent pas à attendre longtemps, car bien qu’Oriole n’aimât pas vraiment le faire après tout ce qu’il avait traversé, il finit par s’envoler au-dessus du bois pour leur dire que de l’aide arrivait. Les animaux s’étaient tous rassemblés à une certaine distance sur la berge, car ils avaient peur de tomber dans l’eau et exprimaient bruyamment leurs remontrances.
Enfin, Oriole monta au sommet d’un arbre et dit : “J’ai apporté la nourriture, Topsy,” lui dit-il, et laissa tomber le panier devant elle. “Tu peux la partager entre les autres.”
“Tu ne nous as jamais dit que tu prendrais de la nourriture de l’autre côté de la rivière,” fut la réponse. En disant cela, Topsy goba tout elle-même.
Maintenant, les autres animaux étaient très en colère, et Oriole l’était aussi envers Topsy, mais ils étaient encore plus en colère contre lui pour avoir apporté la nourriture.
“J’ai apporté la nourriture,” cria-t-il, “même si je n’étais qu’un oiseau.”
“Oui ; mais tu t’es laissé tromper,” répliquèrent les animaux. “Nous pensons que son amitié envers toi et la tienne envers lui ont causé cela. J’ai peur, Oriole, que ta chanson ne me réchauffe plus jamais,” en disant cela, Oriole agita son aile comme nous bénissons les autres, les battit, et s’envola.