L’Aventure Lunaire de Luna
Souvent j’ai contemplé la fleur qui s’ouvre sans cesse
Des prairies et des bois, et vu dans son éclat
La beauté du monde. Pourtant, dans mes rêves, je retourne
Aux rêves de l’enfance, et ressens dans mon cœur
Un désir de revivre le paysage,
De vagabonder à travers champs et de me baigner dans le soleil,
D’observer les nuages changeants alors qu’ils flottent lentement,
Tout en faisant une douce promenade en leur compagnie.
Et ainsi je redeviens un enfant, retombant à nouveau
Dans les vieux jours où sous les arbres, à l’ombre
Et au soleil, je jouais avec mes êtres chers,
Près des lacs et des rivières, en hiver et au printemps,
Jusqu’à ce que, finalement, le changement mélancolique des amitiés et de l’amour,
Jetant une ombre sur mon cœur, apaisait mon agitation,
M’ait poussé loin de chez moi, avec mon fardeau de chagrin,
À chercher, dans les mille merveilles de la Nature—
L’océan, les cieux, les rochers, les fleurs, les oiseaux,
Les animaux des champs, les choses rampantes de la terre—
Un baume apaisant pour ma douleur. Mais partout se trouvait
L’œil patient et toujours vigilant de la solitude,
Et sous le bleu, tandis que je vagabondais sans but,
Je désirais encore retourner chez moi, tant que je errais sans fin.
Ainsi, je me consacrai à une vie
D’étude, de rêverie, et de contemplation
Avec toute l’ardeur de l’innocence, de la beauté et de la bonté—
Chaque être à part, avec son propre cœur unitaire,
Son individualité. Le grand plan de la Nature
Je l’absorbai pièce par pièce, élargissant mon horizon,
Tandis que les fleurs et les oiseaux, et les arbres, bêtes et rochers,
Semblaient affectueusement—dire des choses, ou faire des gestes,
Pour me saluer comme un semblable, jusqu’à ce que finalement
L’être sensuel trop nourri qui n’était guère allé
Loin au-delà des limites des imaginations enfantines;
Dont les luttes et mouvements avaient été réels, sans vue,
Séparé de la vie plus vaste de l’univers,
Se rejoignit; le cœur, palpitation battant avec
Le changement et la respiration de l’esprit élevé, durable :
Et ainsi, pas seul, pas à part de l’homme sans,
Fus-je la divine expérience du plaisir. Pourtant, même ici,
Dans ces heures toujours mouvantes, et jamais au repos,
Qui passent silencieusement jusqu’à ce que chacune—un ange—
S’envole dans l’éternité intermédiaire,
Il vient parfois un désir,
Une passion après une irréalité et un rêve.
Je vois le monde ainsi sereinement, et pourtant depuis l’endroit,
De loin et éloigné, calme et béni, céleste;
Je lis ma vie ainsi calmement, discernant, tout en vivant;
Et pourtant je ressens encore une certaine difficulté indéfinissable
Qui n’est jamais définie, jamais terminée, mais se propage
Un nuage sur la joie de ma solitude et paix.
Oui, je rêve, ô terreux—oui, je rêve
De ce que je ne possède pas : dans la lumière du crépuscule
Se teintant doucement de violet, je rêve de champs et de feuillages,
De la joie du Printemps et de la brillante gaieté de l’Été,
Des forêts et des buissons, de fleurs et de bêtes innombrables,
Et de gens où vous résidez—les tons et les couleurs
De vos maisons, de jardins, de paysages pittoresques,
De vos esprits et manières, vos cœurs et actes boueux,
Et vivre tous naturellement comme je le fais maintenant,
Sur la rive de ce lac Placid flou, si pur.
Où un étrange son sommeille profondément dans ses profondeurs,
N’y a-t-il rien à l’intérieur de ce calme tranquille, au-delà
De notre existence terrestre, avec quoi nous pourrions converser,
Et discuter amicalement ?
Tout à coup
Un élan grandit dans mon cœur, et une agitation
Enflammée et incontrôlée se mêla joyeusement à mon angoisse.
Oh ! juste un moment, visiter étrangement
Et merveilleusement les fleurs et bêtes de l’abîme
Où vous résidez, les humains qui suscitent
Une si grande tempête de plaisirs et de peines contrariées ?
Flotter sur des ailes joyeuses au-dessus de paysages enjoués,
Réconforter de doux enfants, des jeunes filles aux cheveux ébouriffés,
Des essaims joyeux de jeunes filles et de cœur;
Se réjouissant, excité, luttant;
Couronnant mon voyage des lacs d’un sourire
Jusqu’à ce que l’œil conquiert et les cœurs embrassent les grâces
Et les gloires du péché et de la nature céleste.
Puis comme un voyageur atteignant la fin de son périple,
Avec la lumière s’évanouissant et affluant autour de ses pas,
Pour bénir de sa présence et de la joyeuse
Rive de Mona, chaque tourbière
Et colline, avec tous les quatre bouts de cette terre.
Mais tout seul, avec des yeux courageux et brillants fixés sur moi,
Pénétrant mon cœur le plus intime, fouillant de leur regard
Le jubilee toujours vert des arbres moroses,
Pour revenir à travers le ciel bleu, vers le lointain
Trône possible de notre père dans les cieux.
Viens, alors, s’il le faut, ô charmante
Tristesse, qui semble voir mon regard joyeux
Errant toujours en bas, essayant de te gagner et de t’embrasser,
Tandis que tes vagues claquent sur les rives, ma couronne chérie,
Obélisques agiles, tordus et courant comme un oiseau,
Oscillant comme les branches par lesquelles de nombreux arbres se tiennent
Cernant le lac ; voguons pour toujours
À travers le regard sans ombre de la lune suprême,
Où les horizons frôlent l’infini, l’éternelle tranquillité.
Enfonçant dans la végétation humide des rives
De plateformes et de châteaux—une myriade
D’étoiles scintillant sur nos chemins, où les paupières
Des jeunes filles dorment langoureusement dans la beauté et la joie.